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DECLARATION DE SOLIDARITE DE L’ITZ FACE A LA COVID-19

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Les communautés autochtones, afrodescendantes et locales savent très bien qu’elles sont à risque et qu’elles sont très vulnérables aux violations des droits humains ainsi qu’aux infections virales. Elles ont appris pendant des générations à se protéger pour survivre et sont ainsi devenues des communautés résilientes.

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Les communautés autochtones, afrodescendantes et locales du monde entier ont déjà réagi à la pandémie en ayant recours à leurs propres mécanismes de protection, à la médecine traditionnelle, au contrôle de leur territoire, et ont pris des mesures anticipées pour fermer leurs villages ou se retirer plus loin dans la nature afin d’éviter tout contact. Plusieurs de ces communautés ont mis sur pied leurs propres centres de quarantaine au niveau des villages, où les personnes qui reviennent sont placées en quarantaine pendant 14 jours avec le soutien de bénévoles du village.  De plus, des comités de santé communautaire sont mis sur pied dans certains villages pour mener des interventions d’urgence contre la propagation du virus, ce qui suppose de travailler en coordination avec les autorités, prendre contact avec des personnes potentiellement infectées et traiter les cas confirmés.

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Les communautés autochtones, afrodescendantes et locales relèvent proactivement le défi de répondre au besoin criant d’information en utilisant la radio et des balados pour diffuser dans leurs communautés des informations présentées dans les langues locales sur la COVID-19, ainsi que sur les mesures de précaution qu’elles devraient prendre.  De plus, ces communautés ont fait preuve d’une grande solidarité et se sont employées activement à apporter de l’aide à leurs frères et sœurs dans le besoin.

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Compte tenu que les communautés autochtones, afrodescendantes et locales risquent davantage d’être prises pour cibles par ceux qui leur souhaitent du mal, la liberté de déplacement étant restreinte, alors que les gouvernements introduisent de nouvelles lois qui favorisent les industries extractives et les invasions des terres.

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En réaction à la pandémie de COVID-19, certains pays ont introduit ou renforcé la présence militaire et policière dans les régions rurales, où vivent les peuples autochtones et les communautés afrodescendantes et locales.  Ces mesures peuvent servir à intensifier la violence sur leurs territoires et accroître les violations des droits humains. Le manque d’accès à l’information, ainsi qu’aux systèmes judiciaires, juridiques et de communication augmente encore le risque de violations des droits humains. Cela signifie également que ces violations peuvent échapper à l’attention des mécanismes de surveillance et de protection, sans que personne n’en soit tenu responsable.

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Avec la mise en confinement de différentes régions, les gouvernements renforcent leurs pouvoirs en adoptant à la hâte des lois d’urgence ou en révisant la législation. Dans certains pays, des forces militaires ont été déployées pour appliquer les nouvelles lois, ce qui a eu pour effet de restreindre les déplacement des défenseur-e-s des droits humains, les mettant davantage en danger du fait qu’elles/ils sont plus faciles à localiser par ceux qui leur veulent du mal.  La restriction de la liberté de déplacement empêche aussi les défenseur-e-s d’avoir accès à une aide d’urgence et de mobiliser leurs réseaux. Les autorités continuent de les prendre pour cible et tout est mis en œuvre pour étouffer leurs revendications et leur action essentielle.

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Les entreprises qui souhaitent exploiter les ressources naturelles sur des terres communautaires ont fourni de l’aide d’urgence aux communautés concernées, dans le but d’obtenir la permission d’accéder à leurs ressources. Dans plusieurs cas, la COVID-19 s’est propagée dans les communautés autochtones, afrodescendantes et locales en raison de la présence de travailleurs embauchés par les sociétés d’exploitation forestière, pétrolière et minière.

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Notant que les communautés autochtones, afrodescendantes et locales qui sont déjà marginalisées souffrent d’un manque chronique d’accès à des ressources et des informations en matière de santé, et vivent souvent dans l’extrême pauvreté, ce qui vient encore accentuer le risque pour les communautés en temps d’urgence.

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L’histoire a démontré que l’introduction de nouvelles maladies peut causer des ravages dans les communautés autochtones, afrodescendantes et locales en raison de divers facteurs, dont le manque de connaissances au sujet de la pandémie, une mauvaise connectivité, le manque de services publics essentiels et le manque d’accès à des infrastructures.  Elle font déjà face à la marginalisation, à une grande pauvreté et à une mauvaise prestation de services et d’informations en matière de santé, se traduisant notamment par un manque d’information interculturelle suffisante et pertinente dans leurs langues locales. Il leur est ainsi difficile de recevoir les soins nécessaires, que ce soit pour l’administration de tests et l’identification de cas ou pour le traitement des personnes infectées.  De plus, plusieurs communautés n’ont souvent pas accès à des sources d’eau propre ou en quantité suffisante, soit en raison du manque d’infrastructures ou de sécheresses, ce qui fait que l’une des principales mesures pour prévenir la propagation de la maladie – se laver souvent les mains avec du savon – est difficile à prendre pour les communautés.

 

NOUS DEMANDONS AUX ENTREPRISES DE :​

  • Suspendre tout activité pouvant avoir un impact sur les terres, territoires et ressources des peuples autochtones, des communautés locales et des communautés afrodescendantes et qui constitue une menace pour leur santé.

  • Établir des fonctions de dénonciation et des mécanismes de recours efficaces, par lesquels les personnes potentiellement touchées peuvent communiquer avec l’entreprise.

  • Surveiller de près leurs chaînes d’approvisionnement et mettre en place des moyens de communiquer avec les représentant-e-s des communautés s’il est impossible d’effectuer des contrôles préalables pendant la pandémie, en respectant les préférences des communautés quant aux modes de communication et en les informant de tout changement pouvant avoir un impact sur elles. 

  • Se servir de communications publiques et privées pour souligner que le rôle des défenseur-e-s des droits humains est plus important que jamais et que les représailles à leur endroit ne seront pas tolérées.

  • Ne pas utiliser la pandémie comme prétexte pour affaiblir les normes relatives à la consultation, telles que celles concernant le consentement libre, préalable et éclairé et la communication.

 

NOUS DEMANDONS AUX ACTEURS ÉTATIQUES DE :​

  • S’employer immédiatement à réduire les risques d’une plus grande propagation de la COVID-19 sur les terres des communautés autochtones et afrodescendantes et mettre en oeuvre, en coordination avec des ONG locales, des interventions rapides et interculturellement appropriées visant à apporter des secours, des soins médicaux et des tests médicaux aux communautés dans le besoin.

  • S’abstenir d’utilliser la pandémie comme prétexte pour militariser les territoires, réprimer les défenseur-e-s et augmenter la pression dans des régions où les communautés ont déjà été menacées en raison de conflits ou d’activités économiques prédatrices.

  • Se servir de communications publiques et privées pour souligner que le rôle des défenseur-e-s des droits humains est plus important que jamais et que les représailles à leur endroit ne seront pas tolérées.

  • Affecter judicieusement des ressources permettant d’identifier les risques liés à l’intensification des représailles dans l’ensemble des investissements, des activités et des chaînes d’approvisionnement et prendre des mesures pour prévenir et atténuer les risques identifiés et soutenir les défenseur-e-s des droits humains partout dans le monde.

  • Utiliser des voies de communication sécurisées pour s’assurer que l’information concernant l’impact d’éventuels projets d’entreprise sur l’environnement ou sur les droits humains parvienne aux populations concernées, leur permettant de prendre des décisions en toute sécurité pendant l’état d’urgence sanitaire.

  • S’engager à mettre les droits des peuples autochtones et des communautés afrodescendantes, ainsi que les droits fonciers et environnementaux, et les personnes qui en assurent la protection, au centre de toute intervention face à la COVID-19. Toutes les interventions doivent être développées en coordination avec les communautés autochtones, afrodescendantes et locales, et d’autres défenseur-e-s des droits humains. Elles devraient être mises en œuvre par des communautés autochtones et afrodescendantes, respecter leur diversité culturelles et tirer parti des systèmes traditionnels de médecine et de connaissances.

  • Faire intervenir des représentantes et représentants, des dirigeantes et dirigeants et des institutions coutumières des peuples autochtones et des communautés afrodescendantes et locales et assurer le respect de leur consentement libre, préalable et éclairé dans la prévention, l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des mesures de lutte contre la COVID-19.

  • Veiller à ce que toutes les informations concernant la COVID-19 puissent se trouver dans les langues autochtones et locales et soient culturellement appropriées dans les annonces et les communications publiques

  • S’assurer que les communautés ont accès à une eau salubre et à l’assainissement dans les régions éloignées pour éviter le risque d’infection.  Les centres de santé locaux devraient être dotés du matériel, du personnel et des médicaments nécessaires.

  • S’assurer que toutes les restrictions et/ou mesures de surveillance introduites pour faciliter l’effort humanitaire de lutte contre la pandémie seront annulées dès que la pandémie sera passée.

  • La réactivation de l’économie ne devrait pas avoir la priorité sur la vie et l’intégrité des peuples autochtones et des communautés afrodescendantes et locales.

  • Garantir l’accès à la justice, surtout pendant la pandémie.

  • S’assurer de l’existence de stratégies de souveraineté alimentaire pendant et après la pandémie. 

 

NOUS DEMANDONS AUX INVESTISSEURS DE :​

  • Surveiller de près les entreprises dans lesquelles ils ont investi pendant la pandémie de COVID-19 pour s’assurer qu’aucune violation des droits humains n’est commise pendant cette période, alors que l’attention du public est tournée vers la pandémie.

  • Veiller à ce que les clients cessent toute activité qui risque d’amener la maladie dans les communautés.

  • Établir des fonctions de dénonciation et des mécanismes de recours, par lesquels les personnes potentiellement touchées peuvent communiquer directement avec les investisseurs.

  • Se servir de communications publiques et privées pour souligner que le rôle des défenseur-e-s des droits humains est plus important que jamais et que les représailles à leur endroit ne seront pas tolérées.

  • Utiliser des voies de communication sécurisées pour communiquer avec les défenseur-e-s des droits humains, dont les communautés autochtones, afrodescendantes et locales.

 

NOUS DEMANDONS AUX INSTITUTIONS NATIONALS DES DROITS HUMAINES DE :​

  • Développer des mécanismes de surveillance et de dénonciation des atteintes aux droits humains commises par les entreprises et de l’impunité de celles-ci.

  • Veiller à ce que les lois et procédures relatives à l’évaluation de l’impact environnemental soient revues pour inclure des évaluations des droits humains, ou tenir compte des droits humains qui pourraient être touchés.

  • Organiser des plateformes et des dialogues nationaux entre les investisseurs/sociétés et les peuples autochtones et les communautés afrodescendantes et locales.

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Photo: FECONAU, Perou

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